Moscou – La justice russe a placé vendredi en détention
provisoire plusieurs suspects, dont un combattant de MMA membre d’une unité
militaire liée au dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, accusés d’être
impliqués dans la fusillade au siège moscovite du géant du e-commerce
Wildberries.
Des individus ont ouvert le feu mercredi au siège de cette entreprise,
faisant deux mort et sept blessés dont deux policiers, en plein conflit entre
la patronne de Wildberries, Tatiana Bakaltchouk, femme la plus riche de
Russie, et son mari.
Le couple se déchire sur l’avenir de la société, et l’époux, Vladislav
Bakaltchouk, avait reçu le soutien de Ramzan Kadyrov, autoritaire et brutal
dirigeant de la Tchétchénie.
Le Comité d’enquête russe a demandé vendredi le placement en détention
préventive de 20 personnes, a indiqué l’agence de presse Ria Novosti. La
veille, six autres avaient été placées en détention jusqu’au 18 novembre.
Le tribunal Basmanny de Moscou étudiait vendredi chacune de ces demandes.
Il n’avait cependant pas encore tranché du sort de M. Bakaltchouk, qui été
arrêté jeudi.
Selon l’agence TASS, la cour a en revanche déjà placé en détention Oumar
Tchitchaev, un combattant de MMA qui, toujours selon TASS, est également
commandant adjoint de Akhmat-1, une unité tchétchène de la Garde nationale
russe (Rosgvardia) qui a combattu en Ukraine et porte le prénom du père de M.
Kadyrov.
Ce placement en détention montre la possible implication de responsables
tchétchènes.
Tatiana Bakaltchouk et Vladislav Bakaltchouk, en instance de divorce depuis
fin juillet, se déchirent autour de Wildberries, dont elle détient 99% et lui
1%.
Elle affirme que son mari a fait irruption au siège de l’entreprise avec
des hommes armés mercredi qui ont ouvert le feu. Lui dément et assure avoir
été convié à des discussions et accueilli par des “criminels” ayant tiré les
premiers.
Vladislav Bakaltchouk a été inculpé pour une série de crimes graves, dont
“meurtre”.
Le couple Bakaltchouk, qui a sept enfants, est en guerre ouverte depuis que
Wildberries a annoncé en juin un projet de fusion avec le groupe de publicité
Russ, qui pèse beaucoup moins dans l’économie nationale.
Le Kremlin, qui y voit la possibilité de créer une société capable de
concurrencer à terme Alibaba ou Amazon, soutient cette union, poussée par
Tatiana Bakaltchouk, tandis que son mari s’y oppose.
Vladislav Bakaltchouk s’en est plaint en juillet à Ramzan Kadyrov, le
dirigeant de Tchétchénie, où sa femme est née.
Le chef tchétchène, connu pour ses méthodes brutales et ses intérêts
économiques multiples, avait pris fait et cause pour l’époux, qualifiant la
fusion de “fraude”. Mais depuis la fusillade, il n’a pas fait de commentaire.(AFP)